Clara Domas, artiste, vidéaste et photographe, nous partage son expérience de la blessure à travers sa dernière réalisation, le film documentaire : “Au Mental”. Dans ce film, sa volonté est d’ouvrir le dialogue et amener la réflexion sur la santé mentale lors d’une blessure. Elle nous parle notamment de la richesse des rencontres, que ce soit lors du tournage ou du Festival Femmes en Montagne.
Participer au festival Femmes en Montagne
Clara Domas connaît le festival Femmes en montagne depuis 2021 et c’est l’année suivante qu’elle y participe pour la première fois dans la catégorie court métrage amateur avec son premier court métrage : “Pourquoi on va là-haut ?” Une expérience à la fois intimidante, mais particulièrement motivante.
« J’avais envie de raconter une histoire, envie de participer à ce Festival »
Participer à l’édition de 2022 a été pour elle une belle possibilité, une chance d’être diffusée aux côtés de films de plus grande envergure. Elle nous confie qu’elle ne l’aurait sûrement pas fait pour un autre festival.
Trois semaines après sa première participation au festival, Clara se blesse en se fracturant la cheville. Dans “Au mental”, elle nous partage tout son processus de guérison qui a été concomitant avec le tournage, ce qui a donné plus de signification à ses yeux.
Les retours suite aux premières projections, l’ont beaucoup ému, Clara a réussi à inspirer d’autres personnes et à montrer que Femmes en Montagne “ça aide aussi à ça.”, à sortir de sa zone de confort avec du soutien lorsque l’on a un projet qui nous tient à cœur.
Faire un film sur soi: « Au Mental »
«La blessure est un tournant qui marque la vie de chaque sportif. Suite à un accident, je suis partie à la rencontre de celles qui, avant moi, se sont blessées et ont dû se battre pour renouer avec leur corps ».
Dans son film, Clara évoque sa convalescence suite à sa blessure, ainsi que ses rencontres avec d’autres femmes ayant vécu une expérience similaire.
Elle nous livre une partie de son intimité : son vécu, sa progression, ou encore ses doutes.
« Comment, outre son physique, rééduque-t-on son mental ? Comment appréhende-t-on un monde qui soudainement perd ses repères et se met en pause ? Il y a quelques mois, j’ai vécu ma première blessure et j’ai découvert l’aspect mental d’une convalescence ». Au Mental.
Faire un film sur soi n’est pas chose facile, il y a eu la crainte de faire « un égo trip », finalement « ce film a été une sorte de thérapie, parce qu’il a été tourné le long de ma convalescence ».
« J’ai beaucoup pleuré au montage, vraiment ça n’a pas été une phase hyper agréable au début, et lors des premières versions de montage, j’avais beaucoup de mal à me mettre à l’image ».
En plus d’être la réalisatrice du film, Clara est aussi un des personnages à part entière. Il a fallu trouver un équilibre entre ces deux rôles et aussi prendre du recul, doser, ce qui a finalement permis d’apporter plus de sens. La réalisatrice ajoute que « Cette personne n’est pas moi, c’est un personnage ».
La nécessaire adaptation dans la réalisation d’un film documentaire
Dans un film de fiction, tout est écrit, anticipé et organisé. Ce n’est pas le cas d’un film documentaire où les aléas obligent à s’adapter. Il s’agit là de filmer le réel et d’accepter que le résultat final ne correspondra peut-être pas à ce qui a été écrit au début.
Sa convalescence ne permettait pas à Clara Domas de filmer quand elle le voulait. Malgré ces difficultés de mise en œuvre, cette blessure et tout ce qui en a suivi lui ont appris à relativiser et à accepter que la version finale serait différente à ce qui était écrit, et ça pour le mieux.
« Un film documentaire, tu ne peux pas prévoir. Tu acceptes que ton film ne ressemblera pas à la version que tu avais prévue au début ».
Les réseaux féminins, une vraie force
Clara a dû partir à la recherche de femmes aussi bien pour témoigner de leur expérience, pour lui apporter des conseils, lui montrer qu’elle n’est pas seule et bien sûr participer à la réalisation de son film.
Elle réalise donc ce film avec « une team de nanas incroyables ». Pour Clara Domas, cette notion de « team » est très importante : « Femmes en Montagne ça aide aussi à ça, vous pouvez raconter des histoires de fou, faire des rencontres de fou. Regardez toutes ces nanas, elles sont là, elles ont plein de choses à dire ».
Elle encourage les femmes à se créer « une safe place », à oser, à se regrouper, se mettre en contact, se renseigner, même si elle a conscience que ça n’est pas chose facile.
Pour elle, les groupes tels que Femmes en Montagne, mais également les réseaux sociaux sont un formidable outil d’échanges et de rencontres.
« On a la chance d’avoir des festivals féminins de montagne, des groupes de femmes dans la montagne, des groupes de femmes créatrices et des réseaux sociaux. Il faut utiliser ces médias-là ».
Clara aurait adoré avoir ce genre de mentors étant plus jeune. Alors son conseil pour terminer est « d’oser et d’aller parler à d’autres femmes, parce qu’on est plein de nanas à être un peu toute seule et qu’on a envie de parler, d’échanger et oser ».
Au Mental est désormais disponible sur Youtube.